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Joseph Lamotte

Ce témoignage nous a été rendu avec le concours de Paul CHARLIER et du Musée Gaumais à l'occasion du 50ème anniversaire de la Schola Camille Jacquemin en automne 1999. Nous vous en donnons ici le texte intégral.

La chorale "Schola Camille Jacquemin" fêtera prochainement le cinquantième anniversaire de sa fondation.
Ses promoteurs l'ont vouée au culte de Camille Jacquemin et songent aujourd'hui à glorifier le souvenir de ce grand musicien. Un second cinquantenaire pourrait y être associé : celui de sa mort, le 17 juillet 1947.

Camille Jacquemin est né à Halanzy le 7 décembre 1899.
Fils d'instituteur, promu inspecteur cantonal, a étudié la musique dès son plus jeune âge et à 12 ans tenait les orgues de la paroisse de Saint-Mard. Camille Jacquemin a fait ses études secondaires à Virton, sa philosophie à Floreffe et sa théologie à Namur.
Il fut ordonné en 1922.

Sa première mission fut celle de vicaire à Bertrix où il dit avoir trouvé la chaleur de profondes amitiés.
Voulant parfaire sa formation musicale, il entre à sa demande, à la Schola Cantorum à Paris.
Camille Jacquemin devient un compositeur recherché et un grand organiste. Son maître Louis Vierne, organiste de N.-D. de Paris, aime lui céder le clavier des grandes orgues. Il transmet à son élève son don d'improvisation remarquable, lequel Camille Jacquemin développera toute sa vie.

Après ses études à la Schola Cantorum, qu'il termina brillamment, Camille Jacquemin revint à Namur voir son évêque. Ce dernier l'envoya au collège de Floreffe comme maître de chapelle. Floreffe devint un haut lieu d'art et de culture. L'ombrage de Camille Jacquemin imprégna tout l'univers du collège.

C'est là que Paul Landenne et moi-même allions côtoyer (disons "subir") notre maître de chapelle pendant six ans. C'était un maître de grand coeur et d'esprit mais d'une exigence sans détour.

La chorale comptait plus de deux cents exécutants, soumis à une moyenne de deux répétitions chaque semaine. Une soirée musicale était consacrée au mystère de Noël. Un concert musical en février et à la veille des grandes vacances, un éclatant concert auréolait les efforts de toute l'année scolaire et solennisait la distribution des prix. Tous les concerts de Camille Jacquemin s'ouvraient sur un retentissant hymne national.

Durant l'année scolaire les offices du dimanche et des fêtes rayonnaient de la personnalité du maître et de ses oeuvres. Toute prestation nous dévoilait chacune, la richesse et la variété de l'inspiration du maître toujours de bon aloi.

Camille Jacquemin était un conférencier magistral et très attachant dans la diffusion de l'esprit de la grande musique et de la beauté du chant grégorien, lequel disait-il, était d'une valeur hors-pair.
Les oeuvres de Camille Jacquemin sont abondantes ; de grands oratorios, des oeuvres de musique de chambre, des oeuvres scéniques, des oeuvres profanes et religieuses, des pièces d'orgue et bien d'autres.
Toutes ses improvisations à l'orgue à la façon de Louis Vierne, ne serait-ce que lors des nombreuses inaugurations d'orgues pour lesquelles son concours était sollicité, décapaient les âmes.

Vint la guerre de 1940. Elle n'arrêta pas l'activité de Camille Jacquemin. La vie artistique et culturelle du collège de Floreffe se ralentit, forcément.
Les supérieurs de Camille Jacquemin en profitèrent pour le reléguer dans une petite paroisse isolée et triste. Il n'était pas toujours bien vu de faire de la musique religieuse qui ne se contente pas de piétiner dans les sentiers battus, mais qui sache, quand il le faut, être exubérante.
Malgré l'attachement que ses ouailles lui manifestaient, Camille souffrit de dépression. Il lutta et fit des projets. Cela ne suffit pas pour le sauver.

Il mourut le 17 juillet 1947.

Joseph LAMOTTE.

André Bertrand

Le 7 décembre 2008, lors d'un concert en l'église des Pères Capucins à Ciney, précisément à l'entracte d'un concert dont la Schola Camille Jacquemin et ses amis de la Sagina étaient parties prenantes, votre Webmestre eut le plaisir d'entretenir une conversation avec Monsieur André Bertrand.
Ce monsieur était venu au concert attiré par une raison bien particulière...

La raison était singulièrement remarquable pour ce monsieur, déjà d'un âge certain et bien de sa personne, car il était - lui aussi - un élève de Camille Jacquemin ! C'est la publicité faite autour de ce concert au profit des oeuvres de Saint-Vincent de Paul avec la présence du nom de "Camille Jacquemin" - son professeur - sur l'affiche qui motiva monsieur Bertrand de prendre la route depuis son domicile à Boninne jusque Ciney pour y satisfaire l'objet sa curiosité: la mémoire toujours persistante autour de ce grand musicien, et plus précisément par l'intercession de notre Schola.

André Bertrand fut fort marqué par cet homme prodigieux et par l'élévation de l'âme qui imprimait l'apprentissage du plain-chant. Son maître de chant, rigoureux, énergique, mais profondément humain, passait de longues heures à l'orgue à l'apprentissage des versets latins psalmaudiés, insistant sur l'accent tonique de cette langue ancienne afin de lui rendre sa profondeur et sa beauté.
L'enseignement musical de Camille Jacquemin ne se cantonnait pas uniquement au plain-chant, mais aussi à des oeuvres plus récentes, parfois profanes et personnelles, empreintes d'une modernité surprenante.

André Bertrand, non sans malice, me confia une anecdote qui, naguère, a dû le faire sourire. Comme tout maître de musique, il disposait dans la salle d'apprentissage d'un superbe orgue dit "de choeur" (voir sur une autre page de ce site une photo datant de 1935 avec Camille Jacquemin au clavier de cet instrument).
Aux heures du déchiffrage des partitions, il jouait à l'orgue d'une main et battait la mesure de l'autre. Mais avec la particularité de tenir perpétuellement en main la clé de l'instrument et de s'en servir pour frapper la cadence sur le flanc de la console. Ce jeu continuel de métronome, au fil du temps, avait creusé un cratère profond dans la délicate menuiserie de son instrument.
De nos jours, si vous êtes en présence d'un "orgue de choeur" dont vous ne connaissez présisément pas l'origine, observez les flancs de la console. Si par un heureux hasard, vous observez cette stigmate, il y aurait de fortes chances que l'instrument eût habité naguère une salle de musique au Séminaire de Floreffe et que Camille Jacquemin y aurait posé ses mains.

J'avais remis mon adresse à Monsieur Bertrand à sa demande, et quelques jours plus tard, j'ai reçu dans ma boîte aux lettres une petite documentation (des copies) dont il était le sujet.
Son diplôme de 1er prix de plain-chant en tant qu'élève de Camille Jacquemin, un article de presse du 22 janvier 2000 paru dans le journal "Vers l'Avenir" (Namur) commémorant le centenaire de la naissance de Camille Jacquemin, et enfin ses remerciements motivés qu'il a adressés à Cédric Flament, l'auteur de cet article de presse.
Ces pièces sont reproduites ci-dessous. Cliquez sur les images pour les obtenir en plein-écran.


Diplôme de 1er prix de plain-chant décerné en 1938 à monsieur André Bertand en tant qu'élève de Camille Jacquemin. external-link

Diplôme de 1er prix de plain-chant décerné en 1938 à monsieur André Bertand en tant qu'élève de Camille Jacquemin.


Article de presse du 22 janvier 2000 paru dans le journal 'Vers l'Avenir' (Namur) commémorant le centième anniversaire de la naissance de Camille Jacquemin. external-link

Article de presse du 22 janvier 2000 paru dans le journal "Vers l'Avenir" (Namur)
commémorant le centenaire de la naissance de Camille Jacquemin.
Le concert de 1958 dont question dans la seconde colonne est, en fait, le tout premier concert officiel (hors église),
avec oeuvres profanes, donné par la Schola Camille Jacquemin sous la direction de Paul LANDENNE.
Ce concert s'est tenu en la salle de patronage (à côté de l'église St-Martin à Forrières) le 27 avril 1958
en présence de Mgr CHARRUE, évêque de Namur.


Remerciements adressés par André Bertrand à cédric Flament, l'auteur de l'article de presse du 22/01/2000 aau sujet du centenaire de la naissance de camille Jacquemin. external-link

Remerciements adressés par André Bertrand à cédric Flament, l'auteur de l'article de presse reproduit ci-dessus.



Camille Jacquemin en médaillon
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