Notre histoire 7/7 |
1999 fut une année faste par excellence ! 50 ans !
La Schola Camille Jacquemin, à présent quinquagénaire, se voit devenir "Royale", comme il plu à SM le roi Albert II de l'honorer.
Et puis, il y a eu le fabuleux spectacle des "Saisons", dont il est fait mention plus haut dans cette chronique, et son CD éponyme disponible au public les jours mêmes des deux représentations, le tout sous le haut patronage de SM le reine Paola.
La Sainte-Cécile est venue couronner le tout par une célébration protocolaire et festive à Forrières et à "La Bouchaille" à Nassogne. On innovera une nouvelle formule d'exception, celle d'y consacrer une journée entière.
Elle s'est renouvelée en 2009.
La Sainte-Cécile 2003 fut gaie et conviviale comme à l'habitude, mais à cette différence, c'est que Jules GRANDMONT y annonça une bonne nouvelle.
Voulant répondre aux souhaits de nombreux choristes de reprendre le chemin des oeuvres classiques d'envergure, il dévoila son projet d'entreprendre ce qui à ses yeux était encore qu'une utopie : la "Petite Messe Solennelle" de Gioacchino ROSSINI. La plupart des choristes, peut-être par méconnaissance de ce qui les attendait, ne se sont pas rendu compte des difficultés de l'apprentissage et de l'acharnement à mettre en oeuvre pour arriver à bout de ce challenge.
Le challenge réussira, il aura fallu le temps, mais on y est arrivé à bout pour l'offrir en cadeau en 2005 aux célébrations du 50ème anniversaire de la construction (en fait de la pose de la première pierre) de la nouvelle église néo-romane dédiée à Saint-Martin, patron du bourg de Forrières.
Une seconde éxécution a eu lieu le 3 mars 2007 au bénéfice d'une action du Lions Club Barrière de Champlon en l'église Saint-Remacle à Marche-en-Famenne.
Les horloges tournent inéluctablement toujours dans le même sens. Cet sens horlogique arbitraire est tout un symbole en soi dans le sens-même de la vie.
Une surprise spontanée et joyeuse a rappelé en cette année 2007 que Jules GRANDMONT a 70 ans.
En toute humilité, il sait qu'il n'est pas inusable, comme tout un chacun d'ailleurs.
Depuis plusieurs mois, une question le taraude... prévoir la relève.
Comment transmettre le flambeau et préserver le précieux héritage de Camille JACQUEMIN légué à "SA" Schola, l'oeuvre de sa vie ? Il a pensé à sa propre fille Cécile dont il est complice, il est persuadé - à raison - qu'elle en a le charisme et le potentiel pour relever le défi.
Il la questionne, lui suggère la bonne école. Cécile hésite, la mission lui semble insurmontable, presque insensée, car la Schola, ce n'est pas une mince affaire.
Printemps 2007, lors de l'animation d'un mariage à Forrières, un malaise sonna l'alerte pour Jules. On sut par la suite qu'il fut sujet à un gros coup de fatigue dont les séquelles restèrent récupérables, fort heureusement, mais il fallait y voir un sévère avertissement.
A cet instant précis de la célébration, Jules eut le réflexe de laisser discrètement la main à sa fille, laquelle n'a eu d'autre choix que de "se jeter à l'eau" pour assurer seule la direction des chants de l'office.
Ainsi pour la toute première fois, elle fut face à la Schola entière, et avec un calme courage, elle dirigea le "Sanctus" de Franz SCHUBERT ainsi que les chants suivants.
Oui, Jules était fatigué au sens fort du mot.
On le sait peu raisonnable quand il est question de se donner aux autres, mais cette grande qualité risquait à terme de le desservir. Il se donne beaucoup à sa famille, aux oeuvres et à sa Schola. Il devenait urgent de lever quelque peu le pied.
L'instant était intense dans le coeur de Cécile et de chacun des choristes, tous bien conscients de ce qui était en train de se passer. Mais plus intense encore chez Jules qui, s'étant réfugié derrière les gradins, n'a pu retenir ses larmes, non pas de chagrin comme il le précisa plus tard, mais d'émotion et de joie d'entendre la Schola continuer à chanter, peut-être mieux que jamais, entre les mains de sa propre fille.
Ce fut le déclic.
Cécile GRANDMONT sera désormais la troisième chef de choeur de la Schola Camille Jacquemin.
Le mariage est l'étape de la vie qui augure de nouvelles générations.
Tout un symbole.
Jules a pris la direction du choeur en 1964 lors du mariage de sa propre belle-soeur.
Cécile prit pour la première fois, seule, la direction de la Schola en animant une célébration de mariage.
Jules et Cécile GRANDMONT, père et fille. Une passation de savoir en toute complicité...
Même si auparavant elle a partagé occasionnellement la direction avec son père dans des chants à voix égales et séparées, on peut dire que Cécile GRANDMONT a pris désormais à coeur la charge de la direction d'une partie du programme, cela en collaboration - on osera même dire "en complicité" - avec son père Jules après cet événement.
Il n'aura pas fallu longtemps pour que la nouvelle aspirante soit rassurée quant à ce qu'elle aura à attendre de ses nouvelles fonctions.
Le concert d'été 2007, donné en l'église de Forrières en compagnie du "Chant du Thouet" de Chacé-Varrains (Saumur-France), fut sa première expérience de direction "en concert".
Mise ainsi seule - et au feu - face aux rangs des choristes, elle put connaître pour la première fois la joie inspirée par cette connivence magique qui s'installe entre la chef de choeur et eux, tous unis dans l'âme même du chant en une véritable symbiose, et qui se lit dans cet indicible et indispensable contact visuel. Joie ô combien vécue dans "La Lune est morte"...
Certes, l'aspirante chef de choeur devra encore parfaire ses armes, mais la voilà rassurée à présent, elle sait qu'elle pourra compter dorénavant sur ses choristes pour relever à terme ce fabuleux challenge.
Bonne route ensemble, Cécile !
2008 a été une année de transition, on prépare déjà la suivante qui sera jubilaire. On retiendra surtout un déplacement en terres limousines où la réception et l'animation ont été en tous points remarquables.
On retiendra également la confirmation de Cécile GRANDMONT dans ses nouvelles fonctions de chef de choeur avec beaucoup de bonheur et de conviction.
Très rapidement, elle développe son autorité et sa technique de conduite. S'il y a effectivement nouvelle autorité, il y a aussi son sourire communicatif qui fait plaisir à recevoir et qui porte dorénavant tous nos espoirs de pérennité de tous ces acquis collectés 60 ans durant.
Mais ce n'est pas tout !
Le 22 novembre 2008 a été inauguré le présent site Internet.
Il fut présenté en tant que projet dès octobre 2006 au comité comme vecteur efficace de communication interne et aux yeux du monde et les membres du comité n'ont pas hésité un seul instant à adopter la proposition.
En effet, même si la Schola est gardienne de la tradition de son art, elle doit vivre avec son temps. Il était temps de faire preuve de modernisme ! Car la communication par la "Toile" (World Wide Web) est entrée dans les moeurs et ses possibilités sont presque infinies.
L'auteur de ces lignes, qui est aussi l'éditeur de ce site, peut vous affirmer que le rayonnement de la Schola, au travers de ce nouvel ambassadeur qu'est son site, a explosé littéralement dans notre région, dans notre pays et à l'étranger. Nos amis choristes et spectateurs, qu'ils soient belges, français ou suisses peuvent à présent s'informer à leur meilleure convenance et en temps réel sur l'activité culturelle des amis que nous sommes devenus pour eux.
Les statistiques de fréquentation attestent qu'on nous regarde depuis le monde entier, de la Chine aux Antilles/Bermudes !
La toute première page d'accueil de la première version de notre site
Cette première version du site a rapidement montré ses limites, non seulement il était statique, mais sa structure s'adaptait mal à l'évolution de son contenu. Une refonte complète fut nécessaire et a été réalisée en 2011 avec un nouveau menu lié à une nouvelle structure évolutive, de nouvelles couleurs, mais surtout: le site est devenu interactif.
C'est la version que vous avez sous les yeux !
Ces pages consacrées à notre histoire pourraient s'attarder sur les années qui se prolongent jusqu'à l'instant présent.
Mais avec la présence-même de ce site, la tâche est devenue redondante, puisqu'il suffit de parcourir ses pages.
Mais il faut, hélas, avant de conclure cette chronique nous souvenir d'un immense drame qui a secoué la Schola en cet été 2017.
Au petit matin du 1er juillet, Jules GRANDMONT perdit la vie dans un accident domestique au cours de notre 4ème visite culturelle à Pipriac, au coeur de sa Bretagne qu'il aimait, lui qui se réjouissait tant de la retrouver.
Une perte immense, un chagrin infini.
Quelques jours au préalable, une fête anticipée pour ses 80 ans fut notre dernier rendez-vous d'allégresse où il nous a laissé l'image d'un homme entier, doté d'une grande émotion et d'une tendresse incommensurable pour ses deux familles, "celle de sang et celle de chant", pour reprendre ses propres mots.
Le concert prévu le soir-même de son décès a bien eu lieu en l'église St-Nicolas à Pipriac. C'est une règle dans le milieu artistique. Jules n'aurait jamais voulu qu'on s'en soit soustrait.
Le président Philippe LAMBERT a pris en charge la terrible besogne d'assurer la dernière répétition et la direction du concert en dépit du chagrin immense, qu'il en soit toujours remercié. Toutefois, avec un courage énorme, Cécile prit la direction des quatre derniers chants, certes pour rester en communion dans le chant avec son père défunt, mais aussi pour signifier à ses choristes le message fort qu'on pourra toujours compter sur elle pour poursuivre l'oeuvre de la vie de son père.
Merci à toi Cécile, mais aussi à toi Jules, pour tout, et félicitations pour ta vie entière faite de dévouement !
Jules GRANDMONT à l'occasion (anticipée) de ses 80 ans, en présence de toute sa famille et la Schola au complet le 26 juin 2017.
Pour signer la fin de cette chronique qu'on souhaiterait volontiers perpétuelle, il est d'usage d'utiliser la célèbre locution latine :
AD MULTOS ANNOS (pour de nombreuses années encore)
Mais je préférerais celle-ci :
(je souhaite ne compter que les heures heureuses)
Resteigne, le 22 décembre 2018
Claude BLAKE